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dimanche 1 octobre 2023

Un futon au milieu du Pacifique


                                                             


La sauvagerie du jour infusait mon humeur. Le Pacifique enténébré se déchaînait contre les cieux monstrueux. L’horizon chavirait sur la démence des houles. De sombres îlots aux contours incertains chancelaient dans le lointain. Les montagnes aux crêtes invisibles grondaient telles de vieilles bêtes en furie, crachant des boules de feu. Une ultime traînée d’hiver nous tourmentait Chichijima et moi. Je trouvai refuge, étendue sur mon futon, dans la lecture d’exquis waka de courtisanes nippones [...]

L'intégralité de Un futon au milieu du Pacifique de Zoé Balthus est à paraître le 16 octobre 2023 dans UNE FOIS, le numéro d'automne de La moitié du fourbi


En voici le sommaire par ordre alphabétique:


Zoé Balthus / Un futon au milieu du Pacifique

Sébastien Berlendis / Fare un bagno

Ursula W. Child / La Pesée

Didier Da Silva / Clouds and men

Claude Favre / Basses fréquences (Fragments)

Frédéric Fiolof / Un papillon sous la chaussure

Hélène Gaudy / Nous n'avons qu'à faire des souhaits

Antoine Gautier / En suivant les jambes de Maria Nieves

Aliona Gloukhova / Une fois, des bifurcations

Mathieu Larnaudie / De sursis, que le temps de le dire

Hugues Leroy / Un prince quand même

Anouchka Vasak / Conversation

Ian Monk / Il était une fois dans le 16e...
Delphine Parodi & Yoko Tawada / Out of sight (extraits)

Anthony Poiraudeau / Vies et morts de Jeanne d'Arc après le bûcher

Noëlle Rollet / Toujours ou jamais, entre romance et hapax

Clément Vuillier / Terre rare (extraits)





vendredi 24 mars 2023

FLESH of STONE de Michael Kenna

 

Flesh of Stone de Michael Kenna
FLESH of STONE de Michael Kenna

« L’historien n’a rien vu : il faut que l’artiste témoigne. » — Auguste Rodin

Il y a plus d’une décennie, la Bibliothèque nationale de France (BnF), à Paris, a organisé une rétrospective de l’œuvre de Michael Kenna, photographe anglais. Je me souviens d’être restée longtemps dans la contemplation de ses images vouées à l’épure, saisies sur toutes les rondeurs du monde. La puissante sensation de paix et de silence qui émanait de ses photographies, l’intensité et la beauté de ses contrastes de noir et de blanc, me captivaient. J’allais de l’une à l’autre, revenais sur mes pas et, une fois le premier tour de l’exposition achevé, je repartais pour un deuxième puis un troisième. Je ne me résolvais pas à partir, j’avais l’impression que, si je quittais les lieux, j’allais rater le clou du spectacle, ce qui me poignait mystérieusement depuis si longtemps dans sa photographie. Quand soudain, devant un énième examen de la photographie extraordinaire d’une statue moaï monumentale sur l’île de Pâques, l’illumination. Michael Kenna n’était pas l’auteur d’une œuvre sans visages. Enfin, je voyais clair, je saisissais ce qui me retenait et que je ne parvenais pas encore à formuler. L’humain n’était présent nulle part, il était absent partout.

Au fil des années suivantes, j’ai affiné mon regard sur son travail profondément mélancolique, ai fouillé davantage encore son œuvre foisonnante composée de tableaux qui ont fait sa réputation de photographe de paysages minimalistes. En retrait respectueux, il entraînait sur des rives esseulées, fantomatiques, silencieuses, contrastées, à contempler la paix d’une nature souveraine, à l’abri de tout outrage, épanouie, maîtresse d’elle-même. Elle s’offrait en majesté dans le vol des oiseaux, sur une colline enneigée, dans l’ascension d’une lune, auprès d’un arbre alangui. Avec ses Nuages matinaux, j’ai traversé les espaces grandioses de Monument Valley, aux États-Unis, et l’immensité désertique de Merzouga, au Maroc, admiré le lever de son Matin rouge sur les rives de l’île de Pâques, connu le vertige au sommet embrumé de ses Monts Huangshan, en Chine. Il poursuivait son odyssée, enveloppé de silence sur la route du monde.

Mais parfois, au cœur de ses voyages en solitude, je discernais la présence discrète de l’absent derrière des ouvrages que des mains avaient façonnés, cette palissade ténébreuse à l’abandon au milieu d’un champ de neige nippon, à Hokkaïdo, ou ces arbres taillés avec soin émergeant de nappes de brouillard dans un jardin français, anglais ou italien. Des traces aux évocations sacrées, révélant le meilleur dont l’absent est capable, se signalaient encore avec ce Torii majestueux érigé dans les eaux japonaises de Takaishima ou avec les pyramides de Teotihuacan au Mexique. Bientôt, je découvrais que l’absent des photographies de Michael Kenna pouvait aussi pleurer les millions de ses semblables honnis, affamés, volés, violés, torturés, assassinés, calcinés, exterminés dans les camps nazis en plein cœur de l’Europe.

L’absent, pour le meilleur et pour le pire. [...]

Extrait de L'Absent en présence, Zoé Balthus, préface de FLESH of STONE, Michael Kenna (NOIR éditions)


Flesh of Stone de Michael Kenna
FLESH of STONE de Michael Kenna

“The historian has not seen anything : the artist must bear witness.” — Auguste Rodin

Over a decade ago, the Bibliothèque nationale de France (the National Library of France) in Paris organized a retrospective of the work of Michael Kenna, an English photographer. I remember staying for a long time gazing at his images devoted to a clarity of lines, captured on all the roundnesses of the world. The powerful feeling of peace and silence that emanated from his photographs, the intensity and beauty of his black and white contrasts captivated me. I went from one photograph to the next, retraced my steps and, once my first tour of the exhibition was completed, went back a second, then a third time. I couldn’t bring myself to leave, feeling that if I did, I was going to miss the highlight of the show, what had mysteriously held my attention for so long in his photography. When suddenly, after yet another inspection of the extraordinary photograph of a monumental moai statue on Easter Island, I had an illumination. Michael Kenna was not the author of an oeuvre without faces. Finally, I saw clearly, I grasped what was holding me back and that I still could not express. Humans were not present anywhere, were absent everywhere.

In the years that followed, I honed my viewpoint on the profound melancholy of his work, delved even further into the abundancy of it, comprised as it is of tableaux that have made his reputation as a photographer of minimalist landscapes. Respectfully standing back, he swept one along forlorn, ghostly, silent, and contrasting shores, to contemplate the peace of a sovereign nature, sheltered from any ravages, in full bloom, master of itself. In majesty, it offered itself in a flight of birds, on a snowy hill, in the ascent of a moon, next to a languid tree. With his Morning Clouds, I crossed the grandiose spaces of Monument Valley in the United States, the desert immensity of Merzouga in Morocco, I admired the breaking of his Red Morning on the shores of Easter Island, before experiencing vertigo on top of his Huangshan Mountains in China. He was continuing his odyssey, wrapped in silence on the road of the world.

But sometimes, at the heart of his journeys in solitude, I discerned the discrete presence of the absent one behind the works that hands had shaped, this neglected gloomy palisade in the middle of a snowy Japanese field in Hokkaido, or these carefully trimmed trees emerging from sheets of fog in a French, English or Italian garden. Traces with sacred evocations, revealing the best thing the absent one is capable of, also stood out with this majestic Torii erected in the Japanese waters of Takaishima or with the pyramids of Teotihuacan in Mexico. Soon, I discovered that the one who was absent from the photographs of Michael Kenna could also mourn the millions of his fellow creatures—despised, starving, robbed, raped, tortured, burnt to ashes, murdered, exterminated in Nazi camps in the very heart of Europe.

The absent one, for better or for worse. [...]

Excerpt from The Absent One in Presence, Zoé Balthus, translation into English by Blandine Longre-Stubbs & Paul Stubbs, FLESH of STONE, Michael Kenna (NOIR éditions)

dimanche 18 septembre 2022

Conversation avec Ovidie, putain savante

Encre —Aline Bureau


M/F — Ovidie, l’ex-actrice et réalisatrice de films X est devenue écrivaine, documentariste, docteure en Lettres et Études filmiques. Tout récemment qualifiée maître de conférence, tu as dû travailler dur pour faire enfin partie du sérail ? 


Ovidie – Oui, c'est ma petite victoire ! Le CNU n’est pas l’école des fans, ce n’était pas gagné… En fait, il y a peu de cas de putains savantes qui fassent jurisprudence. Déjà « des putains » au sens large qui finissent docteures, nous étions très peu nombreuses à être allées jusque-là. Pour la qualification, à ma connaissance il n’y a que Wendy Delorme, maître de conférence sous son vrai nom, en info com, et maintenant : moi ! Il y a quelques nanas aux Etats-Unis qui ont eu des doctorats honorais causa mais ce n’est pas la même chose que de passer quatre ou cinq ans sur sa thèse à en baver.


M/F – que revêt ce mot putain ?


Ovidie – Putain est un terme que j’aime bien employer. Je l’emploie aussi pour qualifier des femmes comme Wendy Delorme, Nelly Arcan ou Virginie Despentes qui a aussi été travailleuse du sexe. Ce sont des putains savantes.  [...]


Propos recueillis par Zoé Balthus pour la revue littéraire La moitié du fourbi


Conversation intégrale dans X, le numéro d'automne de La moitié du fourbi à paraître en octobre 2022. En voici le sommaire par ordre alphabétique:


Zoé Balthus Kâmasûtra, le mal-aimé

Antoni Casas Ros / Le X saisi dans sa course folle vers la révolution

Joëlle Dubois / You are not alone (Peintures)  

Nolwenn Euzen / L’oubli nous appartient (Interstice à présent de tous les temps) 

Frédéric Fiolof / Les corps traversés 

Hélène Gaudy Tintin

Amélie Guyot / Par-delà le syndrome de l’X fragile (Poésie) 

Simon Kohn Couic 

Hugues Leroy / Exercices de vide

Annie Lulu / Handa

Victor Malzac / La javel

La mf / Conversation avec Ovidie, putain savante  

Anthony Poiraudeau / Ex-fan des nineties

Noëlle Rollet  Sans les mots 

Fanny Taillandier / X vs X — Stéphane Mallarmé versus XXXTentacion 

Gabriela Trujillo Avatar : Bel ami  


samedi 10 septembre 2022

Kâmasûtra, le mal-aimé

« Les prairies vert tendre dévalent les rondes collines, enluminent la virginité du lointain, puis se jettent dans le lit de la rivière où pêchent deux grues blanches. Sur la rive engazonnée s’alignent trois arbres aux feuillages touffus, couverts de grappes de fleurs rouges et rosées, d’où s’échappent à tire-d’aile deux petits mainates noirs. Là, à l’abri de la chaleur printanière et des regards, un jeune couple séjourne sur un tapis de soie jaune, tissé de roses rouges. [...] » 

L'intégralité du texte de Zoé Balthus est à paraître en octobre 2022 dans X, le numéro d'automne de La moitié du fourbi 

En voici le sommaire par ordre alphabétique:

Zoé Balthus Kâmasûtra, le mal-aimé

Antoni Casas RosLe X saisi dans sa course folle vers la révolution

Joëlle DuboisYou are not alone (Peintures)  

Nolwenn EuzenL’oubli nous appartient (Interstice à présent de tous les temps) 

Frédéric FiolofLes corps traversés 

Hélène Gaudy Tintin

Amélie GuyotPar-delà le syndrome de l’X fragile (Poésie) 

Simon Kohn Couic 

Hugues LeroyExercices de vide

Annie Lulu / Handa

Victor Malzac / La javel

La mf / Conversation avec Ovidie, putain savante  

Anthony PoiraudeauEx-fan des nineties

Noëlle Rollet  Sans les mots 

Fanny TaillandierX vs X — Stéphane Mallarmé versus XXXTentacion 

Gabriela Trujillo Avatar : Bel ami  


mercredi 10 novembre 2021

L'Archipel des songes

 

Purple Dusk – Shodoshima, Japon 2019 © Zoé Balthus



Dans la 9e édition de la revue Les Carnets d'Eucharis [Sur les routes du monde], viennent de paraître deux de mes textes dont L'Archipel des songes, récit de mon dernier voyage au Pays du soleil levant, au printemps 2019, accompagné d'une série de six photographies. Il débute ainsi :


 

jeudi 23 septembre 2021

Déesse indigo

 

« L’Inde […] déploie plus largement les ailes nocturnes de l’homme.» André Malraux 



«De Calcutta, je n’ai vu que les images de L’Inde fantôme. Grouillante, miséreuse, nauséabonde. Ses bidonvilles peinent à se refléter dans le Hooghly, dont les flots pollués rejoignent le golfe du Bengale, aux rivages battus par l’océan Indien. Kalikata aurait pu rester un paisible hameau de pêcheurs si le navire d’un administrateur de la Compagnie britannique des Indes orientales n’y avait jeté l’ancre le 24 août 1690 [•••] » 

Texte intégral dans le numéro d'automne La moitié du fourbi à paraître le 15 octobre 2021. En voici le sommaire par ordre alphabétique:

Philippe Annocque / Seul à voir 

Zoé Balthus / Déesse indigo  

Sarah Chiche / (autour du film Miroir, d’Andreï Tarkovski)  

Antonin Crenn / Il partirait en quête de ses semblables  

Lou Darsan / Ce qui se cache au fond de nos yeux  

Pierre Escot / (photographie)  

Frédéric Fiolof / (autour de Camargue secrète, de Lucien Clergue)  

Seiichi Furuya (photographies, avec Christine Gössler) / Face to Face (extraits)  

Hélène Gaudy / (autour du film The Swimmer, de Frank Perry)  

Sabine Huynh / Silhouettes  

Hugues Leroy / A L | C E  

Juliette Mancini (dessins & texte) / Éveils (extraits)  

Jean-Clet Martin / Le miroir, ses spectres  

La m/f / Conversation avec Soko Phay  

Anthony Poiraudeau / Des reflets, des répliques et des vestiges  

Noëlle Rollet / Et l’autre…  

Olivier Salon / L’ Oeil de l’Oulipo  

Ocean Vuong / Torse d’air (poème)

lundi 28 septembre 2020

Torrent rouge

La Jonque rouge, Victoria Harbour, Hong Kong, Chine, 2019  © Zoé Balthus


ROUGE —Aussitôt déterminé le thème de ce numéro 12 de La moitié du fourbi, Hong Kong a surgi dans mon esprit comme une évidence qui me permettrait de composer un tableau aux multiples nuances écarlates. Ma contribution intitulée Torrent rouge est, hélas, bien brève. Il y a tant à écrire, je compte tant de souvenirs dans ce petit territoire chinois au destin extraordinaire inscrit, depuis longtemps déjà, au coeur de ma petite histoire de globe-trotteuse... Le texte commence ainsi :

« Détourné des traits aimés de M., quelques instants seulement, mon regard embrassait l’île de Hong Kong, flottant dans la brumaille dorée d’une fin de journée torride. Le cercle parfait du soleil en équilibre sur la ligne d’horizon irradiait les flots de son incandescence. Déjà notre avion rasait la jungle de vieux gratte-ciels salis par la moisissure des moussons, amorçant sa délicate manœuvre d’atterrissage à l’aéroport international Kai Tak, au nord de la péninsule de Kowloon. Ma main serrait un peu plus fort celle de M. dont les doigts caressaient les miens. Mon pouls battait davantage, comme à chaque atterrissage sur cet aérodrome, le plus dangereux du monde. Il me semblait toujours que passagers et équipage éprouvaient un peu de cette exaltation nerveuse qui s’emparait de moi et perdurait jusqu’à l’arrêt définitif de l’appareil au bout de la piste ultra-courte qui se jetait dans la Mer de Chine du Sud. [...] » 




Ernst Herbeck / Das Leben  Michèle Audin / (L’oeil de l’Oulipo) : L’Oulipo se met à table  Anne Maurel / Rouge idiotie  Aliona Gloukhova (texte), Jef Bonifacino (photographies) / Mémoires de poisson rouge  Anthony Poiraudeau / Rouge complex  Thierry Guichard / La couleur de nos âmes  Anaïs Vaugelade (dessins & texte - extraits) / Le déjeuner de la petite ogresse (extraits)  Alain Giorgetti / Larvatus  Laure Gauthier / Point-Paumes  Hugues Robert / Trois nuances de sang  La m/f / Conversation avec Élise Thiébaut  Paloma Pineda(photographies) / Terrain rouge  Corinne Atlan / Portrait du Japon en rouge  Zoé Balthus (texte photographies) / Torrent rouge  Frédéric Fiolof / Arrêt sur image  Andréas Becker / Rouge-tort  Stéphane Levallois (dessins) / Story killers  Hugues Leroy / Un endroit où déposer son chagrin 

mercredi 6 mai 2020

Glacés, les embruns de la mer

Reynisfjara et la péninsule de Dyrhólaey, Islande, 2019. © Zoé Balthus.


DEHORS – l'appel de la revue littéraire La moitié du fourbi était irrésistible ! J'ai aussitôt pris mes cliques et mes claques, me suis fait la malle, ai largué les amarres et mis les voiles en direction de l'Atlantique nord — où sont "Glacés, les embruns de la mer". 

Un numéro singulier, né de ce temps particulier, et tout entier donné depuis le 1er mai, offert à tous et à jamais, en tenue numérique. Lui seul ne connaîtra pas le papier.
Vingt-quatre contributions au total — texte, dessin, photographie, vidéo, son — invitent aux DEHORS. 

Celles de Michèle Audin, Zoé Balthus Claro, Julia Deck et l’atelier d’écriture du Grand R, Pierre Escot, Tristan Felix, Frédéric Fiolof, Hélène Gaudy, Alain Giorgetti, Benoît Guillaume, Simon Kohn, Hugues Leroy, Sophie G. Lucas, René de Menou, Alessandro Mercuri, Henri Michaux, Antoine Basile Mouton, James Noël, Anthony Poiraudeau, Paméla Ramos, Noëlle Rollet, Laure Samama, Jane Sautière, Lucie Taïeb, Anaëlle Vanel, Romain Weber, et Catherine Ysmal.

Nos multiples DEHORS à découvrir, à partager dès à présent (suivez la fourmi, mais ne l'écrasez pas ! ) : Sommaire du N°11 de La moitié du fourbi

jeudi 7 novembre 2019

Bloody Mary



La revue La moitié du fourbi s'apprête à publier le 25 novembre prochain son N°10. Son nouveau thème JE NE TE HAIS POINT m'a offert l'excitante opportunité de me rapprocher du grand Gainsbourg, celui du début des années 70, amoureux de Jane Birkin, épanoui, jouissant enfin d'un succès international grâce à ce titre scandaleux qui fête cette année ses 50 ans : Je t'aime... moi non plus

L'enfant terrible de la chanson française n'aura jamais été plus heureux, talentueux et séduisant qu'à cette période de sa vie. L'hommage que je vous propose s'intitule Bloody Mary.

Au sommaire de ce numéro :


Étienne Lécroart (dessins & texte) / L’œil de l’Oulipo : De la haine à l’harmonie  David Collin / La fin de la haine ou le début de la fin  Hugues Leroy / Ceci n’est pas une litote  Anthony Poiraudeau / Rue étroite (avec Nora Mitrani ?)  Emmanuelle Pagano / Lettre à mon arrière grand-père  Zoé Balthus / Bloody Mary  Philippe de Jonckheere / Le salaud  Xavier Mussat (dessins & texte), / Carnation (extraits)  C.Jeanney / Le larynx... et les fêtes foraines  Patrick Varetz / Les tergiversations du jeune Marcel  Anne Maurel / Et si la haine était sans objet ?  Sabine Huynh / Yoav, mon jumeau  La m/f / Conversation avec Pacôme Thiellement  Spencer Murphy (photographies) / Paz & Amor  Pierre Chopinaud / Révélation  Hélène Gaudy / L’origine de la guerre  Frédéric Fiolof / Quitte ou double  

Et pour en savoir davantage  ===> La moitié du fourbi

mercredi 1 mai 2019

Sumô, l'art du temps métaphysique

Un rikishi au tournoi de sumô de Fukuoka, au Japon – novembre 2018 (c) Zoé Balthus
Le palais des Sports de Fukuoka, cité portuaire sur l’île de Kyûshû à l’ouest du Japon, accueille le dernier basho1 de l’année, saison officielle de sumô d’une durée de quinze jours, chaque mois de novembre. Je suis assise dans les gradins, côté est, depuis 8h00 en ce 11 novembre 2018.


Le public, clairsemé aux premières heures de cette première journée de tournoi, s’est étoffé avec lenteur tandis que les lutteurs de sumô des catégories infé- rieures menaient leur combat dans l’espoir de se hisser dans la hiérarchie jusqu’à voir leurs noms apparaître un jour au classe- ment général, le prestigieux banzuke. Y sont actuellement classés, du rang le plus bas au plus élevé, vingt-huit champions juniors, jûryô, suivis des maku-uchi compre- nant trente-deux maegashira (champions), deux komusubi (grands champions aspi- rants), deux sekiwake (grands champions adjoints), trois ozeki (grands champions) et trois yokozuna (champions suprêmes) qui ne disputent qu’un combat par jour. Les ozeki ne luttent qu’en fin de journée avant les yokozuna qui finissent vers 18h00.
Cinq jeunes femmes portant chignon et kimono de soie bigarrée, perchées sur leurs geta, socques traditionnels, avancent les unes derrière les autres, à petits pas, dans la coursive sud avant de s’installer avec grâce dans des box de catégorie supérieure. Juste à temps. La clameur s’intensifie dans la salle désormais comble avant dohyô-iri, cérémonie d’entrée des lutteurs (rikishi). Il est 16h00, les lutteurs demi-nus, aux corps à la fois musclés et gras, apparaissent. Ils sont près d’une vingtaine de colosses, aux visages impassibles, à entrer par l’allée sud-est dans l’immense salle, emmenés par un arbitre à l’allure de prêtre shinto vêtu d’un shozoku — sorte de kimono de soie — rouge chatoyant, aux motifs dorés, et coiffé d’un couvre-chef noir en toile laquée. L’atmosphère s’électrise, des flashs crépitent, des cris d’admiration fusent sur le passage du cortège hiératique. Mouvant leur masse à la nonchalance pachydermique, ils avancent en file indienne en direction du mori-dohyô, plateforme d’argile haute de 60 cm.  [...] 

Extrait de Sumô, l'art du temps métaphysique, récit de Zoé Balthus à paraître le 15 mai 2019 dans le numéro de printemps de la revue La moitié du fourbi dont le mot d'ordre est : Vite.

                                       Last basho for Japanese Yokozuna Kisenosato at Fukuoka - Japan 2018 © Zoé Balthus


Au sommaire de ce numéro : 

Tristan Tzara (texte)Thaddée (collage) / Un passant  Paul Fournel / L’œil de l’Oulipo : La littérature a-t-elle horreur du vite ?  Lucie Taïeb / Comète  Hugues Robert / Esthétique politique du défouraillement  Philippe de Jonckheere / La cordelette (un épisode cévenol)  Guillaume Duprat (dessins & texte) / Inflation éternelle  Anthony Poiraudeau / Courses et poursuites dans Los Angeles  Zoé Balthus / Sumô, l’art du temps métaphysique  Frédéric Fiolof / Raccourcis  Marjorie Ricord / À l’immédiat, la déraison  Marc-Antoine Mathieu(dessins)Antoine Gautier (présentation) / Trois secondes (extraits)  La m/f / 7,7 millions de millisecondes, conversation avec Alexandre Laumonier  Valérie Cibot / Yoga du temps Véronique Bergen / Martha Argerich. L’Art des passages Matthieu Raffard & Mathilde Roussel (photographies et texte) / Accélération  Marie Willaime / Baies rouges — Breuverie  Hugues Leroy / Trottoir  Hélène Gaudy / En cours  Antoine Mouton / À très vite